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 INTERVIEW D'UNE KINE, AU SUJET DU PERINEE (le 20 août 2013) :

 

Dans un souci de neutralité par rapport aux professionnels exerçant à Garazi, je choisis d'interviewer des personnes sur le BAB, voire même Peyrhorade !

- Mariane :

Christelle, qui aurait besoin d'une rééducation périnéale ? Quels sont les symptômes ou les signes qui pourraient alerter les personnes ?

-Christelle :

 Le muscle périnée étant un muscle comme un autre, il faudrait souvent le travailler. Maintenant, s'il on ne le malmène pas trop, par des pressions ou par des ports de charge par exemple, ça peut aller. Si ce n'est pas le cas, il faut le travailler. Pour exemple, il est très fréquent que les sportives de haut niveau (surtout les sports de sauts, courses...) aient des problèmes urinaires.

- Mariane :

 Les hommes aussi sont concernés ?

- Christelle :

Moins car anatomiquement c'est différent. Ce serait plutôt les personnes plus âgées qui auraient des problèmes de prostate.

Il faut y penser davantage dans la mesure où l'on a eu une ou plusieurs grossesses. Ça dépend aussi de l'accouchement (taille du bébé, tissus déchirés, utilisation de forceps ou ventouses…). Il est essentiel de bien faire sa rééducation périnéale et idéalement, de garder quelques exercices en mémoire pour les faire soi-même !

- Mariane :

oh ?! Ça existe des personnes aussi consciencieuses ?

- Christelle :

 hihihi Faire les exercices de façon préventive, est difficile tant que l'on n’a pas été sensibilisé(e) ou concerné(e) à différents problèmes. Par contre s'il y a eu des problèmes d'incontinence ou de fuites urinaires, les gens font plus facilement des exercices par eux-mêmes de peur que les problèmes reviennent. Il serait souhaitable d'y associer un travail d'abdos et idéalement une gymnastique hypopressive.

- Mariane :

 Combien de temps après l'accouchement devrait-on faire la rééducation ?

- Christelle :

Très vite après l'accouchement, 1 à 2 mois après. Si la maman allaite ce sera plus difficile d'un point de vue musculaire car le corps est encore imprégné d'hormones. Mais les mamans peuvent tout au moins commencer la rééducation durant l'allaitement. Je ne pense pas que ça vaille le coup de trop attendre, d'autant plus que les mamans seront assez pressées de reprendre une activité sportive et qu'il faudra que la rééducation périnéale ait été faite.

- Mariane :

 Quels sont donc les signes liés à un périnée défaillant ?

- Christelle :  La fuite urinaire est le symptôme le plus fréquent, voire même un début de descente d'organes.

On distingue les fuites urinaires à l'effort dues à des pressions externes : en courant, en sautant, en faisant des abdos…, et les fuites dues à des pressions abdominales internes sur le périnée : tousser, rire, éternuer…

Les problèmes d'incontinence urinaires dépendent de leur fréquence, il n'y a pas forcément lieu de s'inquiéter si ça n'arrive que très occasionnellement.

Ensuite il y a aussi les impériosités que l'on ne peut pas maîtriser, telles que les envies d'uriner fréquentes ou même urgentes (avec pas forcément beaucoup à uriner). Pour donner un exemple à titre indicatif, une personne buvant 1 litre à 1,5 litre pourrait aller, environ, 5 à 6 fois aux toilettes par jour + 1 fois dans la nuit (cependant ça peut aussi dépendre de la taille de la vessie etc).

D'autres personnes pourraient aussi ressentir une pression ou une pesanteur en bas du ventre, sans avoir pour autant envie d'uriner. Ceci est aussi un signe qui devrait amener la personne à consulter.

- Mariane :

On va voir son médecin ?

- Christelle :

Oui pour une consultation puis éventuellement se faire prescrire des séances avec un(e) kiné ou sage-femme.

- Mariane :

Au bout de combien de temps peut-on s'attendre à des résultats ?

- Christelle :

Je pense un minimum de 10 séances sachant qu'à mon avis, le résultat dépendra directement de la méthode utilisée, de la prise de conscience des muscles travaillés et aussi de l'implication personnelle de la personne pour refaire les exercices à la maison.

- Mariane :

 Quoi des devoirs à la maison ?????

- Christelle :

Oui ! Sachant que l'on n’a pas forcément besoin des 10 séances pour maîtriser les contractions de l'ensemble des muscles du périnée.

- Mariane :

Dans mon cas personnel, en effet je maîtrisais bien ou trop une partie des muscles périnée mais pas assez certains autres, c'est bien ça ?

- Christelle :

 C'est ça. Par exemple, avec certains types de rééducation, on ne sollicite pas de façon consciente le sphincter de l'urètre. Pour parler de façon imagée, « le robinet est ouvert mais même si tu fermes le portail, l'eau va quand même réussir à passer ; alors que si on ferme le robinet un peu plus tôt, il n'y aura pas de fuite » ! C'est donc apprendre à travailler un peu plus tôt au niveau de la vessie, du sphincter de l'urètre et toute la musculature + haute qui tient la vessie en place, pour prévenir les fuites urinaires ou les descentes d'organe.

La descente d'organes consiste en une boule qui sort du vagin (la vessie ou l'utérus commençant à sortir). Même si c'est plus rare, certaines personnes disent ne pas avoir de symptômes. Je me dis que ces personnes ont eu quelques signes (pas facile non plus d'en parler) mais qu'elles n'en n'ont pas forcément eu conscience.

- Mariane :

C'est vrai que ce n'est pas évident de parler de tout cela à son médecin ou son praticien !

- Christelle :

En effet c'est difficile et encore tabou pour certaines personnes.

Dans ces cas-là, la rééducation a ses limites et laisse place à l'opération. Une de mes clientes me dit qu'après avoir travaillé longtemps au jardin en position accroupie, elle sent une petite boule qui ressort. Elle va donc s'allonger un moment et pratique les exercices jusqu'à ce que tout rentre dans l'ordre, car elle ne souhaite pas se faire opérer. Pour les personnes qui subissent une opération suite à une descente d'organes, je pense qu'il est nécessaire de refaire une rééducation périnéale afin d'éviter que ça redescende.

Certains praticiens proposent des bandelettes aux jeunes ou aux personnes qui auraient des fuites urinaires en faisant du sport. Je reste septique quant à l'efficacité de cette opération si les personnes se remettent à faire du sport de façon + ou - intense… Pourquoi pas…, mais je pense qu'il faudrait tout de même remuscler le périnée.

- Mariane :

Y aurait-il des exercices à pratiquer préventivement ?

- Christelle :

 De façon préventive, les gens ne se sentent pas forcément concernés. Je dirais donc qu'il faut avoir conscience des pressions abdominales que l'on subit, puis essayer d'éviter par exemple que le ventre ressorte (ou que l'on pousse vers le bas) quand on fait un effort. Il est très difficile succinctement de décrire des exercices comme celui « du petit élan » ou « du grand élan » par exemple. C'est dans ce sens que je pense que lutter contre ces pressions serait déjà bien et peut-être travailler en soufflant et en tirant du périnée vers le haut, et idéalement de l'appliquer dans la vie de tous les jours.

- Mariane :

Où s’apprennent ces exercices ?

- Christelle :

 En gym douce peut-être ?… Tout dépend du praticien. Je ne conseillerais pas de pratiquer « le stop pipi » par exemple car comme nous l'avons dit précédemment ça ne suffirait pas à prévenir la fuite urinaire (histoire du robinet d'eau qui n'est pas fermé assez tôt). « Le stop-pipi » résume un peu trop les choses et ne donne pas les bonnes infos : le périnée ne s'arrête pas à ça ! C'est un ensemble de plusieurs muscles et tissus entre le pubis et le coccyx, c'est très vaste. C'est pour cela qu'il me paraît très difficile de travailler seule et de façon préventive s'il n'y a jamais eu de rééducation. C'est pour cela qu'il est important de lutter contre les pressions.

- Mariane :

 Qu'en est-il des mamans qui accouchent par césarienne ? Sont-elles aussi concernées par la rééducation périnéale ?

- Christelle :

Surtout si la maman est arrivée a terme, le périnée a tout de même été distendu. Un travail sur la vessie et les sphincters de l'urètre serait nécessaire.

- Mariane :

 Peux-tu dire 2 mots sur la gym hypopressive (qui m'a tant fait souffrir) ? ;-)))) Quel lien avec le périnée ?

- Christelle :

 hihihi ! Cette gym n'entraîne pas de pression sur le périnée contrairement aux gymnastiques hyperpressives et en plus, elle entraîne une contraction réflexe du périnée, des abdos profonds et des spinaux. Ce qui est excellent pour tout ! Ça représente aussi une bonne continuité après la rééducation du périnée du fait qu'elle ait été créée au départ pour être pratiquée en post-partum (après l'accouchement). Car même dans les gyms douces proposées, il y avait quand même des pressions sur le périnée ou alors ça ne travaillait pas directement les abdominaux. C'est en cela que les kinés ou les sages-femmes, selon leurs spécialisations, restent des personnes formées pour accompagner les personnes ayant des problèmes de périnée.

- Mariane :

 Merci Christelle. Je te laisse car c'est l'heure pour moi de faire mes devoirs-maison-périnée ! J'espère qu'allongée sur le canapé devant les experts à Miami, ça peut le faire !

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